Concours #4: Description

Isabelle


Maintenant enfermée depuis presque un an dans cette alvéole étouffante, je commence à me questionner. Une sensation de légèreté s’empare de moi. Je pourrais certainement m’envoler vers l’haut-delà, si je n’avais pas cette satané corde attachée à moi. Elle est scellée. Elle fait parti de mon corps et de mon âme. C’est comme si elle me retenait à la vie, que si je la coupais, je n’aurais probablement aucune raison d’être ici. Pourtant, cette chaîne est un obstacle à mon développement personnel, une liane monopolisatrice, qui ne veut que t’arracher ton dernier espoir de pouvoir t’évader. Néanmoins, celle-ci peut tout à fait jouer un rôle de protection. Peut-être est-ce une sorte d’ange gardien… Pourquoi pas? Après tout, elle me nourrit à ma faim, me dorlote et est probablement la seule chose qui puisse me tenir compagnie pendant ce périple. C’est pourquoi, je m’accroche à celle-ci, sans laisser rien ni personne m’en débarrasser.

De plus, je suis plongée dans un liquide transparent qui, ma foi, occupe tous les recoins de ma prison. Néanmoins, je suis loin d’être au bord de l’asphyxie ou de la suffocation, car je peux, par Dieu sait quelle magie, respirer librement sans que ce fluide omniprésent ne m’incommode. Je suis bien. Cette couverture muqueuse me garde au chaud et veille à mon bien-être en tout temps. Patronnant ma santé, elle me prépare pour une expérience qui sera sans doute, la plus importante de toute ma vie. Ma cellule est petite, à voir minuscule. Celle-ci est rose, ou peut-être rouge… En fait, je ne connais pas vraiment mes couleurs, alors la décoration ne m’importe pas, seulement, ses façades semblent se convulser violemment. Parfois, je me dis de ne pas trop m’énerver, car les façades pourraient m’écrabouiller, mais c’est dans ma tête. Ma mobilisation restreinte m’empêche d’exécuter des mouvements quelconques ou à exercer des galipettes. Quelque fois, je réussis à balancer un véritable coup de pied dans la paroi de ma prison, espérant créer une brèche ou une fissure qui m’ouvrirait la voie vers une possible sortie. Cependant, les murs sont insensibles à l’acharnement de mes vigoureuses attaques, ce qui fait naître en moi un grand désespoir.

Sans le savoir, la claustrophobie s’empare de moi. Comment concevoir que quelqu’un puisse prospérer dans un environnement aussi inhabitable que celui-ci. Aucune motivation ne m’occupe, mis à part dormir, somnoler et me prélasser. Par contre, ce temps de repos m’aide à réfléchir longuement sur le pourquoi de mon emprisonnement. Tout d’abord, j’essaye de me rappeler les événements passés pour que je sois atterrie ici. Quelques images se forment méticuleusement dans ma tête. Cette aventure commença lorsque j’étais beaucoup plus petite. Après avoir courageusement gagné la course contre mes confrères, je pénétrai, naïvement, dans ce guet-apens, qui demeura mon éternelle prison. Isolée, seule, et dépourvue de toute ressource, je contemplais le nouveau chez-moi, beaucoup moins répugnant que mon ancienne maison. Une ambiance de bienveillance y régnait. En entrant dans ce lieu, j’arrivai dans une zone neutre. J’oubliai les émotions telles que la douleur, la honte, le bonheur, la tristesse etc. et si je ne les avais jamais connu, je ne les découvrais certainement pas dans ce repaire. Enfin bref, mon expédition fut à la fois troublante et enrichissante.


De temps à autre, si je me concentre, me concentre très fort, je peux entendre des voix. Des petites voix, toutes petites voix, à peine audible. Un murmure, un bruit léger, un mince écho, comme si les dieux me parlaient. Puis, c’est à ce moment précis, mais seulement à ce moment, que je ferme les yeux, et que je l’écoute. Je l’écoute attentivement, l’oreille tendue, étouffant tout bruit, seulement pour entendre cette voix, qui m’a l’air si familière. Elle est lointaine, à des milles et des milles, mais je réussis à la percevoir. C’est drôle. Elle me rassure, me borde, comme si elle me parlait. Et moi, j’en jouis, en profite. C’est peut-être la seule personne qui me parle ici alors cela me fait du bien. Je lui fais la jasette, cause tranquillement avec cette voix invisible, même si je doute qu’elle m’entende. Quelques fois, on dirait qu’elle pleure, la voix. L’entendre pleurnicher me rend alors triste, donc je me recroqueville, et pleure à mon tour. Je n’y arrive pas tout le temps, mais j’essaye, pour simple compassion.

La douceur de mon petit nid me rend heureux. On y est bien installé. Malgré les milles et un va et là qui se font tout autour de moi, je me fais toute petite, pour échapper aux regards de ces étrangers, s’ils sont bien des êtres comme tels. Mieux ne vaut pas le savoir.

Une grande secousse vint me remuer, violente et inattendue. Elle m’ébranla un peu, puis je repris le contrôle de mon esprit. Tout à coup, le liquide dans lequel j’étais immergée, commençait à se vider. Je paniquai, éberluée par ce changement de niveau de fluide. Une autre secousse vint me frapper. Affolée, je tapotais la muraille afin de m’y accrocher. Je ne voulais pas partir! J’étais bien ici! J’ai si peur du nouveau! Soudain, un trou s’ouvrit à moi. Un trou à peine assez grand pour moi. Une autre secousse me fit virevolter dans tous les sens.
Voila, je crois que c’est le temps. C’était le signe que ma mission devait commencer. J’ignorais tout de celle-ci, mais je devais l’accomplir, j’étais prête. Courageusement, fermant les yeux, me glissais dans le trou et délaissa ma prison pour l’inconnu.

***

- C’est une fille! s’exclama le docteur, enjoué.
Il la prit, la nettoya convenablement et déposa le nouveau-née dans les bras de la mère, vidée de ses efforts. La nouvelle maman prit la fillette et la contempla émerveillée. Son conjoint se pencha et lui murmura à l’oreille :
- Elle a tes yeux, lui dit-il, larmes à l’oeil.
La dame lui sourit et regarda son bébé, qui gigotait et qui l’observait, toute curieuse.
-Tu as fais beau voyage, ma jolie? lui dit son papa, dépassé par les événements.
-Appelons la Isabelle, lui souffla-t-elle, émue.
Enfin, les deux regardèrent en silence ce cadeau de la vie, qui venait de s’endormir profondément.

L’immensité des profondeurs


Plusieurs individus sont attirés par les paysages grandioses. Que ce soit une vaste plaine rosit par la chaude lumière venant des cieux, côtoyant elle-même de grandes montagnes enneigées, ou encore une belle terre noire, typique d’une région peuplée d’arbres géant longeant, celle-ci, une vaste mer étendue d’une bleutée infinie. Ces gens-là, généralement humain ou elfe, sont de bêtes ignorants!
Je me nomme Rordek, et je suis un nain Duegar*. Je vais vous dire, moi, qu’est-ce que la vraie beauté : Une cité souterraine naine! Nous les nains sont des maîtres maçons lorsqu’il s’agit de travailler la pierre et la terre, l’essence même de la vie, créant alors de majestueuses oeuvres. Je me plait parfois à décrire, à faire envié les ignorants en racontant mes origines, là d’où je viens, cette cité dont j’étais jadis citadin.

D’abord, il y a l’entrée de ma cité, située à deux ou trois kilomètres sous terres, soit la plus profonde des agglomérations naines sous le niveau de la mer. Cette entrée ressemble à de la pierre, mais elle n’en a que sa solidité. C’est en fait une grande arche de plantes spécialement mastiqués et séchés, remplaçant le bois fragile de la surface. Encadrée par des pierres grises, parfaitement taillées et sculptées, l’arche végétale arbore souvent plusieurs symboles, parfois magique, et de traits distincts de la race naine.

Ensuite, lorsque que la porte est traversée, un corridor, long de 120 mètres, large de 10 mètres et haut de 25 mètres, s’étend à nos pieds. Le sol est dallé de marbres et brille à la lueur des hautes torches de bonne qualité accrochées aux murs de pierres blanches, encore une fois, parfaitement façonnées. Certaines pierres murales ont l’honneur de portés de différents noms spécifiques représentant un héros de la maison, des nains qui auraient permis à cette dernière de ne pas qu’être ruines.

Au bout du corridor, débutent les vraies merveilles naines. Une dizaine de grands piliers soutiennent un amoncellement de terres noires et burinées pour faire illusion d’un plafond inexistant, sans fin. C’est la salle de réception. Haute de plus de 85 mètres, c’est la plus grande des pièces du royaume nain. C’est l’endroit où sont exposées la plupart des œuvres naines, pour évidemment qu’elle soient à la vue de tous. Des sculptures extrêmement réalistes, des armes magiques et particulièrement bien faîtes ou encore des ouvrages, des textes écrits dans l’Ancien langage, ornent avec splendeurs les colonnes proéminentes et les murs gigantesques de la salle. Soutenu par des faits, cet immense emplacement peut contenir la totalité des nains de la ville.

Après la Grande salle, suivant toujours une ligne droite, la place communautaire des nains fait irruption dans des décors moins traditionnels que ceux des pièces précédentes, mais toute aussi vaste. Comme dans les grandes villes de la surface, la place communautaire possède de tout : des marchés et leurs marchands, des écuries et leurs lézards géants qui font office de montures, des forges et leurs forgerons, etc. Une grande tour, faisant toute la hauteur de l’immense pièce, possède en son sommet un énorme centre lumineux, alimenter magiquement par les prêtres et leurs divinités. D’une fabuleuse et divine brillance, certains nains vénèrent chaque jour ce cadeau des dieux. Cette tour est un des atouts les plus majestueux de la cité. En effet, du haut en bas, le phare nain est orné de plusieurs centaines de joyaux d’une valeur inestimable. Chacun des précieux joyaux sont entourés d’une écriture naine dans l’Ancien langage. Tous les mots se retrouvant sur l’énorme pilier racontent avec la précision digne d’un maçon, les étapes de la construction de la cité, au moment même où nos premiers ancêtres aménageaient les premiers monuments, les fondements des profondeurs.

Je ne m’avancerais pas à dire que je suis la meilleure personne pour vous décrire ces merveilles. Ce serait un pur mensonge. En fait, je ne crois pas que quelqu’un puisse le faire correctement. Moi, Rordek, maître maçon duergar, je dis qu’il faut absolument la voir de ses propres yeux pour constater la magnificence, l’immensité des profondeurs!


* Un Duegar est un nain noir, d’alignement généralement mauvais, vivant dans de profonds réseaux souterrains, presque coupé du monde de la surface. Il a la peau blanchâtre, et de grands yeux gris.

Un peu trop

J’aimerais, je veux, je désire, j’aperçois ! Mais que vois-je, une porte ? Je la pousse j’entre, je pénètre. Je n’y vois plus rien, il fait sombre, il fait noir. Où vais-je, où suis-je… cela n’importe plus. Je continue, je marche, je cours, je saute et même, je trébuche. J’arrive, me voici, me voilà, ici et là. Où vais-je donc … mais qu’est-ce ceci ? Je m’approche, je ne comprend rien, je ne saisi rien puis tout s’illumine et je comprend, un interrupteur! Je le saisis, je l’active, je l’actionne. Oh, mais qu’est-ce que tout ceci ?

Je m’accroche, je m’enfarge, dans mes pieds, dans mes mains ? Je tombe, je dérive je crie, outch j’ai mal ! Je rampe, je reste coincé, hi une crampe. Je suis pris au piège … par quoi, par ça ! Un serpent… une liane … une ficelle peut-être … Décidément il y a beaucoup trop de chose ici !

Une lampe… non. Une table ? Encore moins ! Je ne comprends plus rien. On y aperçoit des pierres, des fauteuils, des épouvantails et des éventails. Des gants, des bottes et des chaussures, neuves, vieille, très vieille, usé à la corde que dis-je, à la semelle !

C’est rond, c’est carré … et même rectangulaire. Je ne m’y retrouve plus. Dans ma main, une pierre, un roque ou peut-être est-ce un caillou ? Je le lance sur cette armoire, ce placard, ah non, c’est une commode. Elle s’ouvre, tout tombe! Des raquettes, de petits élastiques, une balle, un chausson… pouaf un vieux sandwich. Une boule roule, tombe, se fracasse, éclate en mille morceaux. Je sursaute, je tressailli… j’ai eu peur. Les doigts de pied regardent méchamment… une pomme, à non une poire, serait-elle pourrit ? Je n’en sais rien !

Le plafond est haut, non loin, très loin, des années lumière de moi ? Ah non tout près, juste là… à proximité de l’ampoule qui crée cette lumière. Celle qui me permet de voir ça et là, tout ce qui tombe du ciel… des feuilles, non de l’écorce… ou serais-ce peut-être de la peinture décollé ? Une chaîne est suspendu, elle se balance, elle se pend, elle pendouille, dans un cliquetis effrayant … elle me pointe un endroit, un lieu, une chose une réponse à une question ?

Ça y est, j’y vois, c’est grand, c’est petit aussi… il y a tant de choses, je ne m’y retrouve plus ! Je me retourne, une serpillière…? Que dis-je c’est une vadrouille, mais non c’est un balai ! Pourquoi un balai ici ?

Tien ! Il pleut, c’est mouillé, un orage peut-être ? Ah non c’est un sceau… lentement je reprends conscience. Je rie, je pleure… je suis coincer, où? Entre deux tapis roulés … C’est petit ici… c’est gris et sa puent…un râteau me nargue et un sac à poubelle me console …

Lentement je me concentre. J’ouvre un œil, fronce le sourcil… ouvre mon autre œil et fronce le deuxième sourcil, MAIS BON DIEU … que fais-je donc dans le placard du concierge ? Décidément c’est un bien drôle d’endroit par chez vous le local du concierge