Le paquet

Le paquet

Après des jours de réclusion dans cet endroit minable que l’on osait appeler bureau, j’achevai enfin LE projet de ma carrière, celui qui me hissera vers la gloire. Avec lui, je séduirai sans problème tous les juges lors de ma présentation du lendemain et remporterai haut la main la direction du dossier Guess. Même cet enquiquineur de Hanley devra s’avouer vaincu. À moi, le prestige et les lauriers. Tout cela reposait sur ce paquet, qui je devais l’admettre, était d’un jaune assez médiocre. Là-dedans, résidait, par écrit, le fruit de durs mois de labeur. Je pouvais d’ailleurs sentir la chaleur émanant des feuilles fraîchement sorties de l’imprimerie du coin.

Je regagnai mon studio chéri non sans anicroche. Un imbécile m’avait percuté de plein fouet en cours de route avec toutes ses missives. Le malotru n’était même pas capable de regarder devant lui comme il se le devait et il a le culot de n’avoir rien de mieux pour sa défense que de pitoyables excuses. Ce n’était pas cela qui allait payer le nettoyage à sec dont j’avais maintenant besoin grâce à lui. C’est donc dégoûté par l’humanité que je débarquai chez moi, mais à peine eus-je franchi le seuil de ma porte qu’une énorme boule de poils se jeta joyeusement sur moi avec un jappement sonore. Apparemment, il y avait quelqu’un qui était heureux de me voir. Il était vrai qu’accaparé par la finition de mon travail, je le négligeai ces derniers temps. D’après ce que je pus comprendre de ses yeux doux, de sa langue pendante et de sa queue frétillante, il avait envie de jouer.

«Pas maintenant Max, lui dis-je en déposant mon manteau et paquet. J’ai une présentation à revoir.»

Faisant fi de ce que je venais de dire ou tout simplement parce que c’était dans sa nature de chien, il continua à bondir gaiement autour de moi.

«Max, je n’ai pas le temps de jouer, lui répétai-je.»

Il ne s’arrêta pas pour autant et lorsque j’étendis mon bras pour saisir mon paquet, il s’en empara entre ses crocs.

«Redonne-moi ça s’il-te-plaît, demandai-je en tendant la main vers lui.»

Il se contenta de me regarder de ses yeux brillants de malice.

«Allez Max, donne, dis-je avec plus de fermeté.»

Voyant qu’il ne réagissait guère outre mesure, j’entrepris la tâche ardue de délivrer mon projet de cette emprise à toute épreuve. Malheureusement, je ne parvins pas à le faire broncher. Décidément, je n’étais pas la seule tête dure ici. Pourtant, il n’agissait jamais ainsi. D’habitude, il obéissait, un point c’est tout. Changeant de tactique, j’essayai de le tenter avec ses jouets, mais c’était peine perdue. Même sa balle préférée ne parvint pas à lui faire lâcher prise.

Soudain, une idée sournoise me frappa l’esprit. Serait-ce possible que mon travail acharné soit réduit à néant? Des frissons me parcoururent l’échine à cette simple pensée. Tous mes sens semblaient à fleur de peau et pourtant, j’avais l’impression de ne rien sentir. Un affreux pressentiment se manifesta au creux de mon estomac.

Me ressaisissant, j’expirai grandement.

«Tu ne vas tout de même pas laisser passer la chance de ta vie juste parce que le clébard sans cervelle qui te tient lieu de chien est récalcitrant? me sermonnais-je intérieurement.»

Je me jetai sur ledit chien et un corps à corps terrible s’ensuivit. Roulements, tiraillements, morsures légères; rien n’y manquait.

Dring Dring Dring…

C’était le téléphone qui sonnait. Pas le temps d’y répondre. Des choses plus importantes nécessitaient mon attention. Par exemple, un certain objet jaune coincé dans la gueule de la bête.

«Hopkins? C’est Hanley, votre patron, dit la voix dans le répondeur en mettant l’emphase sur le dernier mot. Au cas où vous l’auriez oublié, le salaire pour lequel je vous paie exige un travail de 9 à 5. Si je ne m’abuse, il est exactement 4h 40 Alors, écoutez-moi bien. Je ne le dirai qu’une seule fois. Je peux comprendre que vous n’ayez pas d’inspiration, mais de là à quitter le bureau en coup de vent… Il y a une limite. Ne pensez surtout pas que vous allez vous en tirer de la sorte pour cette transgression. Vous avez intérêt à avoir une publicité de tonnerre demain. La compagnie compte sur vous et n’oubliez pas que le PDG des compagnies Guess est très exigeant en matière de promotion. Sur ce, à demain.»

«Ce n’était pas ça du tout! m’indignai-je tout haut.»

Je n’étais pas à court d’inspiration, j’étais à court de papier. C’était pour cela que j’étais allé à l’imprimerie. Quel était son problème? En plus de ne pas nous fournir assez de papier, il nous blâmait lorsque nous prenions notre propre initiative pour y remédier. De plus, l’imprimerie et le bureau c’est le ciel et la terre. Je n’allais tout de même pas refaire tout ce chemin pour retourner au boulot si ce n’était que pour y rester une couple de minutes. Je lui avais même laissé une note sur sa porte. Ne savait-il donc pas lire? Et après ça, ils veulent que l’on donne le meilleur de nous au travail. Pfff… Ces patrons, tous les mêmes.

Puis, je m’arrêtai net. Oh le petit chenapan! En face de moi, s’accumulaient les restants de ce qui constituait autrefois mon projet. Ça y est! C’était fichu! Adieu, les beaux rêves, la gloire et le renom…

Trois coups se firent entendre à ma porte.

Dieu, on ne pouvait même plus se plaindre en paix!

«- Quoi encore? Hurlai-je sans ménagement à l’inopportune visite en ouvrant rageusement la porte.

- Derek Hopkins? Je me présente : Micheal Paterson, directeur des compagnies Guess. Je crains que mon secrétaire ne vous ait malencontreusement renversé cet après-midi et par le fait même, échangé vos paquets respectifs. Un document d’une importance considérable est en votre possession. Puis-je le récupérer?»

Fin Smile

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Ah.... un vieux travail scolaire que j'ai retrouvé sur papier en faisant le ménage (mais que je n'ai pas toujours pas trouvé la disquette, alors que je la cherche depuis un bon mois scratch

)

J'aime beaucoup! Je ne m'attendais pas à cet fin qui, ma foi, me fait sourir et m'encourage à te féliciter!

Bravo pour ton style et ta plume, tu as beaucoup de talents!

Continue sur cette belle voie!