Terakin
Nombre de messages : 27 Age : 34 Date d'inscription : 20/09/2007
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| Sujet: Dialecte : l'alizé poétique, qui s'allie à la musique Sam 26 Juil - 0:27 | |
| À l’insu de tous, dans la vraie vie, je fais partie d’une formation musico-poétique qui est bien difficile à catégoriser dans un genre précis. Certains disent que c’est du “SLAM” ( dans le genre de GCM, avis aux français). OR je trouve c’est plus que du slam. En fait, l’idée principale de mon groupe, tout récent d’ailleurs, c’est d’agencer musique à poème en un ensemble harmonieux, chacun des composantes complétant l’autre, ultimement augmentant ainsi considérablement l’expression artistique simultanée du poème et de la musique qui l’accompagne ( ou vice versa). Ce groupe s’appelle Dialecte.
L’intéret de ce post c’est que j’ai recuilli ici les paroles (poèmes) de nos pièces, textes d’une richesse remarquable (soit! Je l’avoue, ils ne sont pas de mon propre cru, mais plutôt des créations du chanteur/déclameur). J’ai pensé que l’idée intéresserait les memebres du forum.
Donc laissez vous submerger dans le monde de Dialecte en écoutant les chansons sur le site suivant et en profitant de l’environnement acceuillant du forum afin de lire les paroles qui sont récitées dans les chansons.
Afin de comprendre facilement le contenu des textes, je suggère une lecture sans musique initialement et ensuite une composition des deux.L’Élan
Un jeune homme accroupi dessine, Son trait zigzague entre les mines Et carbure à l’encre de Chine.
Sur son chemin, un monde en ruine, Entre orateurs et carabines Squelettes gris, lourdes machines.
Et sur son front de blanches cimes Le mont du mot la bosse des rimes Les noirs volcans frontaux fulminent.
Ils crachent le flot de leur abîme, Pensées fluides et intestines, Vapeurs de rose et de toxine.
L’élan qui anime sa main, mouvement ultime de l’être humain Forge le fer, frôle le satin, traverse le soir et le matin.
Un horizon qui s’illumine, Il traverse un fin rideau de bruine, Tissu secret, soie d’opaline.
Enfin, le pommier s’enracine. Et sur le sol de serpentine Le fruit s’oppose à la doctrine.
Ses doigts s’approchent des épines Et le condamne sa main mutine, Vestige d’une cène clandestine.
Il croque la pomme sibylline, Puis subit la fureur divine. La foudre afflige sa rétine.
Adieu, adieu ô monde en ruine Odieux squelettes, et puis machines. Plus d’orateurs, ni de carabines,
Aux folles errances se destine L’aveugle, au gré de sa plume fine À la fois vainqueur et victime.
Manifeste
Les syllabes se frottent, se frôlent et s’enrôlent, épaules à épaules, dans une troupe d’assaut furtive. Elles affluent comme le fit la lave du volcan Vésuve vers une ville endormie. Ici, cette cité se nomme ton Esprit.
Seul, souvent sec, le texte trop savant s’avance trop, trébuche et percute une porte close.
Alors, les mots paniquent, s’amoncellent, se compliquent, se morcellent, se répliquent, se fusionnent, se frictionnent, se compressent, se mordent et se contorsionnent. Ils s’écrasent et les phrases se sectionnent, explosent en éclisses de psychose, expulsent en giclant de petites choses roses : des vers déchus qui se décomposent. Ils osent, mais, vite, s’ankylosent et s’effondrent, kilos de prose immonde, s’accumulent, se superposent, en un tas turbide où le sens génère le vide. Un charnier, livide, d’errances qui, quand paroles sont denses, s’accroît, je pense.
Soudain, une onde se déploie et inonde le monde des mots en émoi, elle gronde, les aborde, les seconde et abonde d’une obèse vérité profonde qui déborde, s’écoule, s’étale, séminale entre les épaves lexicales. Les ex-mots morts s’excitent, s’animent, en cet élixir exquis, qu’ils habitent. Ils palpitent en son écume extatique, puis cogitent en gîtant dans la marmite musique.
Ils s’agitent tant qu’ils la percent. Et le mélange bouillant se renverse. S’ensuit l’averse où vers et sons conversent, puis convergent en valsant vers divers délires distants.
Un flot fluorescent dans lequel tu plonges pour y nager en apnée, hypnotisé par sa vibrante vérité. Un grouillant grabuge qui ravage et abuse et dans lequel s’infusent quelques éclats de textes épars, dont le sort n’est que d’exploser dans l’aurore. Cette rivière de rêves révulsés, revêt ton esprit de fumées. Alors, une image solitaire étincelle. Chandelle incendiaire, chevauche ses échelles et enflamme la citadelle de l’imaginaire. Le combustible création crame et se consume et la cuisson de tes songes devient fusion.
Puis, de la confusion s’élèvent trois grandes sphères : l’Illusion, la Magie, le Mystère, bulles de vers valsant sans but, légères comme l’air. Elles errent, ovules immenses, créatrice insouciance, assumant leur non-sens. Sans balise, elles s’emballent, s’embrasent et dévalisent, utopiques, le zélé village logique. Dans ce pillage, nulle violence, que l’ombre d’une conséquence, la transe des sens, transcendance exacerbés par un souffle irrésistible, intense, un vent de folie lyrique : l’alizé poétique, qui s’allie à la musique et parfois au silence.
Acte final, le fluide vital dévale les marches de la principale chambre du sénat cérébral, la raison et son siège inquisitorial... Le nectar y fuit, faiblement d’abord, les sages se penchent et l’essuient, mais ce flot ne s’éponge point ainsi, il s’épanche et s’enfuit. Les digues cèdent, suivies de l’onde qu’elles précèdent. Elle déferle sur les vieux hommes qui se brisent. Les cheveux blancs frisent et la sueur perle à sa guise. La tension est palpable, les sages pataugent et se cabrent.
Chœur de voix rauques qui respirent. Le flot les engloutit, les aspire. Eux, résistent d’abord, s’y étouffent, se tordent, serrent les dents, mais le nectar les absorbe. Ils subissent l’ultime succion de la houle, puis s’abreuvant du succulent suc qui s’écoule, ils s’écroulent.
Et toi, empereur givré de cette ville délivrée, tu délires, comme délirent cinq cent vieillards ivres.
Douche froide
Un rythme, un temps, Une plainte, un chant, Un son irrigue vos durs tympans, Une voix vous assiège sur vos bancs Vous, qui écoutez tout en songeant, Pensez à notre monde en cet instant, Aux coups de dés ou aux coups de vent. Réalisez que la chance vous sourit à pleines dents.
D’abord, le miroir. Quittez vos perchoirs, vous perdez votre temps à remplir vos mouchoirs. Alors qu’ici on s’assure, on pleure, on se rassure, on jase, on ne jure que par la pédicure. On crache sur une pomme trop dure ou trop mûre. Là-bas, on ne fait que survivre. On se ronge. On se livre. On se bat. On se prive. On se noie. On dérive. C’est triste, en un instant, l’instinct devient destin quand tu sens ta faim gruger sans fin ton intestin. Pis nous, festoyant dans nos festins, pestant contre nos médecins, couchés, cachés sous nos coussins, c’est certain, on se plaint le ventre plein… de faux complexes et de désirs vains. On ne manque de rien alors qu’ailleurs un enfant craint le lendemain. Une question se pose bien ici, puis sans lever la main : est-ce qu’on se souvient moins d’être êtres humains?
Malgré la volonté et l’unanimité, on ne fait qu’écouter vérités débitées. Certains, même, ont pitié et pensent à s’agiter, mais une phrase vérifiée devient formule appliquée : quand on parle à tout le monde, on ne parle à personne.
Moi, c’est à toi que je parle, toi qui m’écoutes et qui t’endors peut-être. Pour un instant, oublie ce que tu appelles « ta vie ». Réveille-toi! Oublie ce qu’on t’a dit. Tu n’es pas aussi impuissant qu’on veut te le faire croire et surtout, le temps presse! Il faut que tu t’empresses : notre monde s’affaisse. La grande aiguille de l’horloge tournoie. Il faut qu’ils entendent ta voix. Les grains de sable et de fable s’écrasent au fond du sablier. On marche en équilibre sur un câble. Les secondes s’effondrent et la tempête gronde. Il faut cesser de lécher l’argent, la laisse qui t’amène à la messe où l’on prêche comment vivre. C’est en fait une mèche qui t’est offerte, car elle va certes causer ta perte. Enfin, pensez-y! Que vaut l’argent? Il ne vaut pas nos valeurs, malgré ce que veulent vous faire avaler les voleurs. Pourquoi vous vautrer, vous voûter? Je voudrais vous voir voler, envoûtés! Sans vouloir vous vexer, nous voyez-vous, voués à l’échec avoué? À vous, élèves, de désavouer ce système qui nous a amadoués. Nous sommes ici un peuple immense, immobile, qui s’immole et se mutile, qui s’amollit dans le futile, qui s’abolit, poli, dans sa solitude. Ce peuple, c’est nous. Qu’il bouge, qu’il décolle! Vite! Ses réacteurs décolissent des écoles!
Là-bas, ils manquent d’eau; ici, on manque d’espoir. Il nous faut un ruisseau puissant d’où il pissera à boire pour abreuver ceux qui veulent détourner le cours de l’histoire et inonder les coulisses du pouvoir. Il nous faut une fontaine sans faille, d’où jailliront des vagues de vaillance et de volonté de bataille. Il nous faut un geyser de courage, faisant gicler notre message et s’agiter l’orage, se heurter les nuages au rythme de notre rage! Il nous faut un cyclone, noyant tous ces clones monotones aux yeux rivés sur des trônes, drones mornes qui abandonnent, qui s’endorment, alors qu’enfin le tonnerre résonne…
Tombe la pluie.
Une pure larme azure rase visages et murs, Fruit ruisselant d’une fracture Elle glisse et se dépose, la perle de ma pauvre prose. Une goutte d’eau s’oppose, s’écoule pour ma cause. Qu’elle touche, qu’elle éclabousse! Qu’ils toussent, que j’aie fait mouche! Que cesse soudain notre souffle à tous!
Et qu’enfin repousse notre sèche souche, Humectée par la fraîche douche Qui coule de ma frêle bouche.
Terakin, alias Mehregan Dor membre de Dialecte.
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